I. Le Commencement

Des siècles se sont écoulés depuis l'âge d'or de Raïthe. Avant La Grande Coupure, Raïthe débordait de vie. Des paysages, plus incroyables les uns que les autres, nous plongeaient constamment dans l'admiration. Les tableaux peints par les reliefs fascinaient, le spectacle du changement de saison inspirait. Des plaines, aux forêts et jusqu'aux rivages, chaque instant passé sur Raïthe procurait un bonheur pur. Ce vaste monde, cet écosystème si émouvant, tant d'espèces vivait en symbiose. Une harmonie simple et douce rythmée par trois saisons. Le printemps, l'automne et l'hiver. Chacune riche en couleurs, si différentes les unes des autres. Elles étaient toutes les trois savourées par tous et le passage à la suivante était prétexte à de somptueuses fêtes. Elles avaient un rôle majeur sur le maintien de l'écosystème, car, aussi magnifique soit-il, il était fragile…
Ces trois saisons étaient associées à leur divinité, Vär - dieu de la floraison, du renouveau et de la fertilité, Häst - déesse de l'abondance, de la maturité et de la beauté, et enfin Vintär - divinité du temps, de la puissance et de la neutralité. Ainsi, le cycle des saisons apportait équilibre et paix à Raïthe : le printemps fournissait un nouveau départ suite à l'hiver, l'automne apportait la force et l'énergie à tous et enfin l'hiver rétablissait l'équilibre originel.
Au fil des générations, l'Homme prit le dessus sur la nature qui l'entourait. Il abandonna la magie, qui était au final trop limitée pour participer à sa conquête, contrairement à la technologie qui avait un avenir prometteur. D'année en année, le passage de l'Homme détruisit tout ce qui faisait la beauté de Raïthe. Les dieux furent mis de côté et les autres espèces réduites à la quasi-extinction. La nature devint sombre, terne, vidée de toute vie. Remplacé par une technologie impure qui prenait tout ce que Raïthe avait à donner. Chaque hiver était plus dur que le précédent, le retour à l'équilibre devenant de plus en plus violent. À force de puiser dans des ressources toujours plus limitées, la domination de l'Homme perdit en puissance, il dut donc faire un choix, trouver une nouvelle source d'énergie. Un groupe de chercheur se plongea dans les mythes et légendes, les dieux étaient un choix évident. À l'aide de machines complexes et de science dangereuse, l'Homme réussit à emprisonner les trois divinités. Puisant dans leur pouvoir, cette nouvelle énergie acquise fut si puissante que l'Homme, décuplant de façon exponentielle son activité, parvint à accomplir son but ultime : abolir le cycle des saisons. Il avait à présent le champ libre pour s'étendre et prendre ce qu'il pensait lui revenir de droit. Mais à quel prix. L'homme avait détruit le sol sur lequel il s'était construit, la planète n'était plus que coquille...
L'équilibre perdu, Raïthe à bout de force, les catastrophes naturelles s'enchaînèrent, détruisant des villes entières. Tant de perte, tant de dégât. Ces catastrophes ne faisaient pas de différence, elles réduisaient tout à néant. Plutôt que de s'arrêter là, l'Homme essaya de corriger le problème en puisant toujours plus l'énergie des dieux. Combattre le feu par le feu. Mais cela n'a fait qu'empirer la situation. Vär fut le premier à périr, étant le plus faible des trois, il ne supporta pas l'insatiable soif cruelle de l'Homme. La réaction de Raïthe face à cette perte fut d'une violence inouïe. Le niveau des mers et des océans grimpa si haut que les continents fût englouti sous les eaux ravageuses lavant jusqu'à la moindre trace de terre et de civilisation. Seule quelque hauteur, ici et là, restait visible. Le plateau du mont Talan devint le refuge du reste de l'humanité. Face à tant de pertes, Häst et Vintär n'eurent d'autre choix que d'en finir, par n'importe quel moyen possible. Vintär lança une dernière attaque puisant dans le reste des forces d'Häst pour les ajouter aux siennes. Le cataclysme provoqué par l'attaque de Vintär engendra un ultime rétablissement de l'équilibre. Ce cataclysme sera connu sous le nom de La Grande Coupure. La technologie fut bannie, la nature puisant dans les résidus d'énergie repris des forces, le niveau des océans baissa, mais pas suffisamment. Il ne restait plus qu'un "continent" bien que de taille infime comparer à la grandeur d'antan. La population humaine composé de groupe de plusieurs centaines d'individus se répartit sur le continent.
Les dieux n'étaient plus, mais l'équilibre était rétabli.